C’était dans les années 80. Passion musique. Passion de la scène. Il était une fois trois personnes qui allaient se rencontrer pour former l’aventure la plus passionnante qu’il m’ait jamais été donné de vivre : un orchestre symphonique professionnel de jeunes musiciens issus de tous les pays de l’Europe continentale.

Le mur n’était pas tombé. Schengen n’existait pas. Les frontières séparaient nos pays et l’Europe était un espoir. L’orchestre symphonique d’Europe, avec Laurent Kupferman et Olivier Holt naissait. Nous avions 20 ans.

Deux idées fortes nous portaient : faire de l’Europe une réalité, faire d’un orchestre une entreprise. Initialement baptisé Jeune Orchestre Symphonique d’Europe, l’Orchestre Symphonique d’Europe était un orchestre privé, sans subventions, destiné à vivre de ses propres ressources. Et avec ambition. Ce ne sont pas moins de 110 salariés qui ont été réunis sous sa bannière pendant près de dix années. Sans forcément le réaliser, nous inventions la formation en alternance artistique.

Mélomane mais non musicien j’ai plus appris avec cette expérience que je n’ai jamais appris de toute ma vie. J’ai appris la scène. Jardin-Cour ou Jésus-Christ. J’ai appris le métrage carré nécessaire aux pupitres des musiciens. Surtout, au fur et à mesure des répétitions, j’ai appris à écouter, à entendre. J’ai formé mon oreille à entendre les multiples lignes mélodiques. J’ai appris la profondeur d’une partition quand elle se joue en lignes cumulées, les méandres de chacun de ses recoins, les plaisirs des vagabondages mélodiques qui la constituent.

J’ai appris aussi les femmes et les hommes. Celles et ceux qui sont capables de gommer toute individualité pour se fondre dans l’harmonie sonore choisie et cherchée par le chef d’orchestre. Celles et ceux qui savent s’oublier six heures de suite par jour (deux services) au profit de l’harmonie d’ensemble. J’ai appris ce que c’était qu’un orchestre qui travaille un son, contrairement à tous ceux qui se réunissent pour une occasion et un cachet rapide et jouent leur partition individualiste. J’ai appris la force de l’union. Des sons, des êtres.

À l’heure où il n’est plus de mémoire qui ne soit numérique, j’ai voulu réunir en un site mes souvenirs, ce qu’il en reste, et ceux de toutes celles et ceux qui ont vécu avec nous ces années merveilleuses. C’était il y a 30 ans. Nous avions 20 ans et nous avons créé un orchestre symphonique. Nous avons fait et vécu une fascinante histoire de création culturelle en France.

Eric Walter

Orchestre Symphonique d'Europe - Tournée aux Baléares

(Photo : l’Orchestre Symphonique d’Europe en tournée aux Baléares)

 

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5 commentaires sur “Il était une fois un orchestre

  1. C est une très belle idée de refaire vivre ces si belles années……..
    Je n ai aucun document sur l OSE malheureusement mais je suis « ému » de revoir ces photos, ces visages
    Ce fut court mais tellement bon

  2. Merci Eric…

    A part quelques fiches de paie et le disque « Donnez un son à votre image », je n’ai absolument aucune trace des deux années « extra ordinaires » que j’ai passée à vos côtés.

    C’est émouvant et le site rend, je trouve, fidèlement compte de ce qu’était l’OSE.

  3. Salut à tous les « anciens » de l’OSE et initiative sympathique même si cela nous rappelle que le temps passe vite et que mes 61 printemps sont bien là (lol).
    Tout comme toi, Eric, j’ai appris tant de choses auprès de Francis Pailot à la régie et aussi des musiciens.
    Je tiens à la disposition du site de nombreux documents audios, photos, vidéos et textes collectés par mes soins que je serais heureux de partager.
    Cordialement,
    Robert

    1. Oublions les printemps 😉 Merci Robert pour ce commentaire et les archives que tu as ! C’est avec grand plaisir que je les publierai ici, je te contacte par mail directement pour en parler !

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